Demeure Familiale des De La Barre
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MessageSujet: Posts ici et là   Posts ici et là I_icon_minitimeDim Mar 25, 2012 9:30 am

- Alais, le 25 Mars 1460 -

[ La vie est comme un arc-en-ciel : il faut de la pluie et du soleil pour en voir les couleurs. A Ramaiya]

La perte d'une heure de sommeil pouvait sembler illusoire, mais il n'en était rien pour l'Ecureuil, qui grappillait chaque moment propice au repos. Avoir l'esprit en ébullition n'était pas chose facile, et elle trouvait malheureusement le sommeil, mais teinte de tant de rêves que parfois elle s'éveillait au matin en ayant l'impression de n'avoir pas eu une seule minute de répit.
Assise chez les petits lapins, la belle croqua dans une épaisse tranche de pain recouverte de beurre Et de confiture. Il fallait au moins cela pour avoir assez de forces à moins qu'une se soit suffisante. Une visite chez Donà Ariana s'imposerait au retour à Narbonne, si tant est qu'elle y revienne un jour. Histoire de vérifier si elle n'avait pas pris quelques bourrelets, et surtout regarder cette cicatrice qui semblait ne pas être pourrie, sinon elle y aurait déjà laissé la vie.

Un coup d'oeil au dehors lui assura que le soleil brillerait toute la journée, moment propice pour une promenade au lavoir, afin de redonner un semblant de présentation à ses habits de voyage. La belle monta au premier afin de faire son balluchon, et partit joyeusement au travers des rues de la ville.
Beaucoup d'événements avaient pourtant ternis ces derniers mois, mais elle avait décidé de ne pas y prêter attention; de les balayer d'un revers de la main, comme le font les enfants. Les choix qu'elle avait fait l'avaient certes isolée, mais d'un autre côté elle ne s'en sentait que plus libre. Lorsque l'on a pas grand chose, tout reste possible! Le sourire qui ornait son visage fut de courte durée. Arrivée près du lavoir, elle remarqua le grand nombre d'oies qui trainaient là... C'est qu'une oie, c'est vicieux... ça vous laisse passer, puis ça vous pince les fesses. Morphée se remémora ces après-midi à la ferme familiale, tout près de Feu Le Puy. Combien de fois avait-elle couru après la volaille, et réciproquement. C'était l'aventure, le danger... Ne pas se faire choper par l'Oie ou le Coq relevait de la quête du Grand Cornichon; malheureusement la quête finissait toujours avec pertes et fracas. Au grand Dam de ses parents d'adoption qui finissaient toujours par panser les plaies.

La Prime prit grand soin de ne pas déranger les bêêtes et s'en fut joyeusement battre le linge sur une planche de bois en chantant une de ces chansons qu'elle n'avait pas fredonné depuis bien longtemps :

Une rigole en vieux chêne
Au lavoir à même l'eau
De la colline prochaine
Où se tient caché l'écho,
L'écho qui jase et babille
Et redit tous nos lazzis ;
Car nous lavons en famille
Tout le linge du pays.

Tous les jours moins le Dimanche,
On entend, on entend le gai battoir,
Battre la lessive blanche,
Dans l'eau verte du Lavoir.

La margelle est une pierre
Aussi lisse qu'un miroir ;
Un vieux toit fourni le lierre
Tient à l'abri de lavoir ;
De l'iris les feuilles vives
Y dardent leurs dards pointus ;
Pour embaumer nos lessives,
Sa racine a des vertus.

Tous les jours moins le Dimanche,
On entend, on entend le gai battoir,
Battre la lessive blanche,
Dans l'eau verte du Lavoir.

La vieille branlant mâchoire,
Qui se souvient de cent ans,
Conte aux jeunes quelque histoire
Aussi vieille que le temps :
C'est Satan qui se démène
Dans le corps d'un vieux crapaud,
Ou bien c'est quelqu'âme en peine
Qui, la nuit, vient troubler l'eau.

Tous les jours moins le Dimanche,
On entend, on entend le gai battoir,
Battre la lessive blanche,
Dans l'eau verte du Lavoir.

Tout en jasant, la sorcière
Tord son linge à tour de bras ;
Auprès fume une chaudière,
C'est comme aux anciens sabbats.
Mais dans un coin la fillette
Qui veut plaire à son galant,
Mire dans l'eau sa cornette,
Sa ceinture et son bras blanc.

Tous les jours moins le Dimanche,
On entend, on entend le gai battoir,
Battre la lessive blanche,
Dans l'eau verte du Lavoir.


En parlant de cornette... Les cloches de l'église n'avaient pas retentit pour la messe du Dimanche. Déjà que le curé n'avait même pas daigné s'occuper de sa charge d'Ambassadeur, voilà qu'il abandonnait ses ouailles, du moins s'il était à Alais. La Prime n'avait jamais eu l'opportunité de lui en causer deux mots, l'homme ne s'étant pas présenté à Melgueil. Sans doute pourrait-elle, par le plus grand des hasards, le rencontrer en taverne.

Morphée étendit le linge qu'elle avait tordu en tout sens sur l'herbe fraîche, en évitant que les oies ne s'approchent de trop près. Manquerait plus que quelques pattes palmées ne viennent poser leur empreintes sur ses beaux habits. C'est que la Dive Quenouille, en sommeil depuis quelques temps, allait bientôt re-renaître de ses cendres. Elle aurait sans doute pour appeler son échoppe le Phoenix, même si cela n'avait rien à voir avec la dentelle. Mais au moins, cela ne ferait qu'être la bonne description de l'histoire de son commerce de proximité.

Les rayons du soleil lui caressaient le visage; l'Ecureuil s'allongea elle aussi sur l'herbe, entreprit de se débarrasser de toute couche de vêtement superflue et se retrouva en chemise à prendre un peu le soleil. Sa peau hâlée trancherait bientôt avec cette blanche carnation qui était en vogue à l'époque, mais à vrai dire, elle s'en fichait un peu.
Elle ferma les yeux, et profita de la chaleur de Phoebus tout en écoutant les sons de la nature. Et parfois le couac bien criard des gueulardes qui se promenaient non loin d'elle.


[hrp]Le lavoir - Paroles et Musique de Pierre Dupont[/hrp]
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MessageSujet: Re: Posts ici et là   Posts ici et là I_icon_minitimeJeu Mar 29, 2012 7:43 pm

- Entre Mende et Alais, le 29 Mars 1460 -

[Le Tour Buccolique Du Lengadoc, Fin le détour]

La nuit était baignée par la pâle lueur de la lune descendante, dernier rempart à l'obscurité la plus complète. Plusieurs jours ils avaient voyagé, passant de ville en ville, la Prime passant de taverne en taverne, afin de deviser sur l'existence, et accessoirement boire quelques liqueurs.

Mais cette nuit était particulière; ils le savaient... Sans doute seraient-ils attendus au milieu d'un chemin, là ou l'astre sélénien ne pourrait leur ouvrir la voie. Alerte, la main sur le pommeau de son épée, Morphée écoutait, juchée sur Nyx, son shire; Un morceau de bois sur lequel l'on pourrait marcher donnerait l'alerte, et ils pourraient se préparer à voir sortir du monde des fourrés.

Ce ne fut pas une armée qui leur tomba dessus, comme à Chinon, mais deux vils brigands, qui les avaient encerclés. La belle eut le temps de descendre de cheval et de se préparer à un simulacre de combat - pour les non initiés Morphée sait se servir d'une épée comme une poule d'un dé à coudre - avant que ne vienne la première charge. Elle tint, la gazelle, le bouclier en rempart de l'épée qui venait de s'y cogner.

Croyant l'assaut fini, et s'imaginant que la Donà allait se reculer pour la seconde charge, Morphée baissa son bouclier... Le coup du bouclier adverse dans la tronche, ça, elle n'avait pas prévu. l'estafilade sur le mollet, non plus...
A mi-chemin vers les limbes, elle crut entendre qu'on venait à sa rescousse. L'ombre partit vers un autre combat, visant une autre personne.

L'Ecureuil secoua le visage, lentement, histoire de reprendre ses esprits... Appela doucement Nyx, qui se positionna près de sa maîtresse, et ne sut qui l'aida à remonter en selle, pour l'amener vers la ville la plus proche. Scapin sans nul doute, les autres devaient jouer de l'épée.
Nyx partit au galop, la Prime s'accrochant comme elle le pouvait, entre douleur et jurons, l'esprit ailleurs...

Plusieurs fois elle manda la monture de s'arrêter, n'arrivant plus à tenir en équilibre sur l'animal; et c'est au pas qu'elle franchit les remparts de Mende, à la recherche du seul endroit ou elle pourrait trouver refuge, la taverne du Double Baron!
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MessageSujet: Re: Posts ici et là   Posts ici et là I_icon_minitimeSam Mar 31, 2012 9:15 am

- Mende, le 31 Mars 1460 -

[Quand on arrive en ville]

L'hospitalité Mendoise ne dérogea pas à la règle. Dona Boulga lui prodigua les premiers soins, et lui offrit bleuets pour panser la plaie qu'elle avait au mollet. Une générosité dont la Prime se souviendrait, tout autant qu'elle se souvenait de celle de Dona Coco lorsque leur pauvre ville avait disparu.
La belle ne quitta pas la chambre en la journée du trente, préférant récupérer ces heures de sommeil qui lui avaient manquées, et surtout de cette fatigue d'avoir voyagé pendant quelques jours. Etre soldat ne s'improvisait pas. Il fallait endurance, entrainement, et surtout habilité au combat. Ce dont elle n'avait pas été dotée naturellement.
Elle écouta néanmoins les recommandations d'un médicastre qui était venue l'examiner, alerté par une annonce comtale qui indiquait 'que le sang avait coulé' et s'autorisa une sortie. On lui avait alors amené bon nombre de missives de personnes qui la croyaient proche de la mort, inquiétude qui n'avait pas lieu d'être car elle n'avait été que superficiellement blessée, par la grâce de Gaïa.

Ses quelques pas la menèrent devant l'affiche, et elle comprit. Amener la chose de cette manière ne pouvait qu'entraîner une vague d'affolement; elle lâcha un soupir et s'en fut, assez étonnée qu'on ait pu se permettre d'afficher cela sans l'en aviser au préalable. Sans doute le fait que l'on soit personnage public ne laissait que peu de place à la discrétion quand aux accidents de la vie. Solution était de redevenir anonyme; la Prime aurait tout le temps d'y penser lors de sa convalescence en faisant d'harmonieux fagots aux abords de la ville, en compagnie de Nyx, ce cadeau qui lui était aussi précieux que mille joyaux.

Au lever, le jour suivant, l'Ecureuil prit sa collation du matin en compagnie de Coco, Roy et Boulga. De bonnes tranches de pain grillé comme elle aimait à manger. Tout ceci bousculé par l'arrivée de clients et d'une histoire de cochonnetés découverte en taverne.
Cela amena à parler de prière, du Très-Haut et... de sa bonne ville du Puy.
On relaya à la Prime, dont la profonde conviction était que le Très-Haut avait voulu rappeler aux hommes sa puissance, en décidant de détruire une ville comme il avait déjà fait à Onalylone, que cela pouvait dire que les gens étaient des dépravés; l'analogie était apparemment facile à faire, vu qu'elle avait mentionné le nom de cette ville bannie.
Il n'en fallait pas plus pour que le sang de la Prime ne fasse qu'un tour. Quels étaient les hérétiques qui osaient insulter les habitants de cette ville? Et surtout comment pouvait-on imaginer une seule seconde que cela fut vrai? La jeune femme avait mentionné Onalylone afin de comparer les dégâts qu'avait fait le Très-Haut, en aucun cas elle n'avait utilisé ce mot pour indiquer que les habitants de la ville étaient des dévots au Sans Nom. Morphée quitta la taverne, bouleversée de ce que l'on pouvait croire des anciens habitants du Puy. Oh, elle ne condamnait pas la personne qui lui avait fait part de cela, il n'était que le messager. Mais d'un autre côté, on lui avait avoué que dans les diverses explications quant à la dépravation de certains, l'on s'était posé la question de savoir s'ils n'étaient pas du Puy.

Oublié qui avait fait quoi, dit quoi, insinué quoi, fait tel rapprochement, le fait était que certains habitants de ce Comtat, et des Royaumes, croyaient que les Ponots étaient des suppôts du Sans Nom, et que c'était pour cela que le grand charivari avait eu lieu.

Une nouvelle blessure, bien plus importante que ces désagréments physiques dont elle souffrait, vint taillader le cœur de la tout fraîche Narbonnaise. Elle avait dit en riant que plus elle côtoyait les humains, plus elle préférait rester en compagnie des animaux, mais à cette minute cela n'était plus de l'humour, mais une réalité. L'humain était laid.

Son mollet tuméfié se rappela à elle alors qu'elle marchait le long des étals; la belle s'en fut en taverne pour répondre à quelque missive, tâchant d'oublier toute cette noirceur et en souriant à l'avenir des deux amoureux qui s'uniraient devant le Très-Haut, malheur à lui, dans les jours à venir.
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MessageSujet: Re: Posts ici et là   Posts ici et là I_icon_minitimeDim Avr 15, 2012 9:49 am

- Narbonne, le 14 avril 1460 -

[ Au bout d'un autre ailleurs ]

Narbonne...Trois mois que l'écureuil rêvait de ce moment, trois mois, pour se retrouver devant les grilles de l’archevêché et assister au mariage d'un couple qu'elle espérait avoir un jour pour amis. La cérémonie terminée, elle avait tenté de faire corps et âme avec la cité, arpentant chaque ruelle, chaque pont, pour ne rien ressentir. Du moins ni joie ni attachement à la ville. Pourtant... la beauté des édifices, le quartier des marchands, avec ses ponts bordés de maison comme il était de bon ton en ces temps ou la place manquait, l'imposant palais des archevêques qui avait ouvert ses jardins à l'union de Lise et Kelak, la gigantesque cathédrale Saint-Just dans laquelle, elle l'impie, était entrée afin d'y découvrir les trésors des artisans narbonnais ne pouvait que plaire aux visiteurs et habitants... Mais son esprit était ailleurs...

N'avait-elle jamais réussi à s'attacher à une ville depuis la disparition de leur bonne ville du Puy en Velay?

La belle traversa le pont des marchands, perdue dans ses pensées, alors que mille étoffes soyeuses d'une beauté déroutante se dévoilaient devant ses yeux. Cette vie, à Narbonne, aurait du se faire à deux. Bein des fois elle s'était demandée si elle avait pris la bonne décision; mais une force intérieure, qu'elle serait bien incapable d'expliquer, l'empêchait d'avoir un quelconque remords. Morphée n'avait pas immédiatement compris le pourquoi de son comportement, le pourquoi de ses décisions. Ce jour, après avoir quitté ses bureaux, elle était convaincue du bien fondé du chemin qu'elle avait choisi d'emprunter.
Elle connaissait déjà les prochaines étapes de son voyage intérieur; elle posait les jalons de sa purification. Certains jours son corps hurlait de douleur face à cette image lisse et imperturbable qu'elle devait offrir; elle n'en pouvait plus de tous ces visages qui n'étaient que noirceur si l'on allait au delà des apparences, plus les minutes s’égrainaient, plus elle avait envie d'autre chose; il se dessinait lentement à l'horizon l'esquisse d'une vie future.

Un hurlement la fit sortir de sa rêverie. La foule était dense, et l'on venait de subtiliser la bourse d'une passante; Morphée se fit bousculer par un homme qui prenait la fuite, sans qu'elle n'eut la présence d'esprit de tenter de le retenir. On piaillait, les commerçants y allaient de la gouaille, les commères s'affairaient et la Prime fut prise d'inhabituelles nausées. Elle supportait plus la foule... Cet urgent besoin de solitude la conduisit elle aussi à bousculer les gens pour sortir de la cohue; elle emprunta une rue transversale, peu recommandable sans doute aux vues de qui y traînait mais qu'importe... Le ventre serré, la bile aux lèvres, elle se sentit courir sans en avoir ordonné son corps... Elle ne sut combien de temps cela lui prit, ni comment elle eut assez de force pour atteindre la mer, mais elle se retrouva genoux à terre, mains crispées dans le sable, le torse prêt à exploser tant elle n'arrivait pas à reprendre son souffle.

Cette ville avait été le symbole d'une vie à deux avortée; elle ne s'y voyait pas y vivre seule, et mettre en œuvre des projets qui n'avaient plus de sens désormais.

L'Ecureuil se redressa et s'assit sur le sable, ses bras enserrant ses jambes repliées tout contre sa poitrine. Une seule et unique larme roula sur sa joue qui n'avait pas encore pris le temps de se colorer sous la chaleur des rayons du soleil. Elle partirait, ce soir, avec Lise et Kelak afin de voyager, et profiter de la joviale compagnie de ces trublions lodévois, tout en organisant son déménagement; vider la grange dans laquelle l'attendaient les énormes planches de bois qu'elle avait ramenée de Chinon, fourrer dans des malles les innombrables peaux et laines qui s'y entassaient, abandonner son échoppe 'mobile' et vendre l'unique champ dont elle avait fait l'acquisition.

Ensuite? Suivre son instinct, et remercier Gaïa des moments de bonheurs qu'elle voudrait bien mettre sur son chemin.
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MessageSujet: Re: Posts ici et là   Posts ici et là I_icon_minitimeMar Avr 24, 2012 9:15 am

- Bal du Lengadoc - 22 Avril 1460 -

"Vous allez au bal?"

L'Ecureuil avait répondu par la négative, n'ayant pas de cavalier et n'en ayant pas vraiment cherché un non plus. La faute au temps, à la lassitude, ou bien parce que cet hiver qui n'en finissait pas avait développé dans l'âme de la jeune femme ce sentiment peu aristotélicien, l'apathie. Et puis de toute façon, il était bien connu que c'était le mâle qui invitait et que la femelle minaudait, puis finissait par accepter.
Mais ce qui laissa la jeune femme sans voix était qu'il n'avait pas trouvé, ou bien cherché - il faut avouer qu'à force de barouder sur les routes languedociennes on avait pas trop de temps de draguer en taverne - de cavalière. Bien innocemment elle s'était imaginée que les Dὸna se pâmeraient à ses pieds, c'est souvent cela lorsque l'on prend un peu de grade. Elle ne lui posa pas la question, totalement inappropriée en cette circonstance, mais lui suggéra une personne de grande valeur ; si grande qu’elle crut qu’il allait la manger toute crue d’avoir osé lui proposer une chose pareille. Morphée et cet humour récurrent pour se sortir de cette situation qui lui avait paru embarrassante, sans doute parce qu’elle ne s’imaginait pas un jour qu’un tel événement se produirait.

Reprenant leur sérieux, il fut convenu que le sombre viendrait la chercher dans une des tavernes montpelliéraine, « Au Bois de mon Cœur », ou la belle avait élu domicile le temps de régler quelques formalités administratives à Narbonne.

Puis leur discussion reprit, comme à l’habitude, à commenter l’actualité, et c’est en fin de soirée que la Prime prit congé, refermant lentement la porte derrière elle. Quoi qu’elle en dise, elle se réjouissait de cette sortie à venir qui viendrait égayer leur quotidien – avait-elle dit leur ? – et surtout… voir les amis connus et faire de nouvelles connaissances. Soudainement elle baissa les yeux et mira sa robe, puis posa les mains sur ses joues en s’exclamant :

Mais… Je n’ai rien à me mettre !

Mentalement elle imprima dans son esprit les divers endroits qu’elle aurait à visiter le lendemain, afin d’être belle, oserait-elle utiliser le mot séduisante et s’octroyer autre chose qu’un titre ambassadorial aux yeux de tous. N’était-elle pas une personne avant d’être une fonction ? Parfois elle en doutait. Ce doute la rongeait intérieurement ; qu’adviendrait-il lorsqu’elle serait redevenue simple Morphée ? Ce serait à ce moment qu’elle compterait sur les doigts d’une main ceux qui resteraient. Que les meilleurs té !

Le lendemain fut dédié aux emplettes ; elle fit livrer à la taverne les différents artefacts dont elle avait fait acquisition au matin, et délaissa l’ambassade afin de se préparer. Premièrement, prendre un bon bain bien chaud, puis lentement suivre le rituel qui la mènerait à être habillée comme une belle plante, n’allons pas jusqu’à dire princesse car elle n’en avait ni le port altier ni les manières.

On toqua à la porte.

Un courrier pour vous Dὸna Morphée. Même qu’il a salement voyagé.
Glissez sous la porte mon petit.


Enveloppée dans un linge de lin, elle glissa deux piécettes sous la porte pour remercier ce qui semblait être un gamin. Un franc sourire se dessina sur son visage, la missive étant un acquiescement pur et franc à sa proposition ; bientôt son existence prendrait un autre chemin.

Le cœur léger, elle finit de se préparer, cachant sa tenue aérienne sous une cape de velours vert, n’était-ce pas le printemps ?

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