Demeure Familiale des De La Barre
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 Carnet de Route - Chinon Fin 1459

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Morphee
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MessageSujet: Carnet de Route - Chinon Fin 1459   Carnet de Route - Chinon Fin 1459 I_icon_minitimeSam Fév 25, 2012 8:46 pm

Carnet de route

[Et à la dormeuse de se réveiller - 17 Décembre 1459]

La fièvre avait duré une semaine peut-être deux... Toute notion de temps s'efface lorsque l'on se retrouve mis à mal par une armée amie... De là à dire qu'on ne l'y reprendrait plus il n'y avait qu'un pas, que la jeune femme envisageait certes, mais plutôt pour enfin retrouver un semblant de liberté et échapper à la torpeur de sa couche.

Tudieu ils l'avaient sacrément amochée! La moue boudeuse, elle mirait un semblant de reflet dans une vitre... Le sillon qui traversait son flanc droit ne s'effacerait pas de sitôt... Bande de crétins des alpes tiens!

Les souvenirs de leur attaque étaient encore bien flou, et elle ne désirait pas vraiment qu'ils deviennent plus net. Des chevaux, des cris... et une douleur si intense qu'elle en avait perdu connaissance. Jamais auparavant elle n'avait souffert de la sorte; un baptême du feu sans doute, assez cruel dans son genre. Le hasard avait voulu que sa mère eut la même blessure, lors de la campagne de Provence, quelques années auparavant... Un sourire naquit sur ses lèvres, gercées par le manque de soin et le froid qui avait envahit le dispensaire.
L'âtre était pourtant bien pourvu, mais l'hiver avait d'un coup d'un seul envahi les rues de Chinon, redevenues calme au gré d'un arrangement conclu par les deux parties, du moins c'est ce qu'elle avait cru comprendre.


- Mademoiselle Morphée, ne restez donc pas ainsi, vous allez mourir de froid. Vos nouveaux habits sont arrivés ce matin, je n'ai pas voulu vous réveiller... Doublé pour vous éviter d'attraper la mort...

Et voilà qu'on lui cassait encore les poulaines... Déjà qu'on l'avait trituré de toute part pendant sa perte de conscience, qu'il avait fallu boire des remèdes plus infâmes les uns que les autres, se forcer à se lever alors que la douleur lui broyait les entrailles, rester polie lorsque sa plaie était nettoyée sans ménagement... Un long soupir s'échappa de ses lèvres... Plus que quelques journées, et cela ne serait plus qu'un chapitre terminé...

- Bonne idée tiens, d'aller faire un tour... Et puis retrouver un semblant de vie sociale, dans une taverne bien animée. Je vous rends votre couche salvatrice nounou, vous aurez bien quelqu'un à y mettre d'ici quelques journées té!

De toute manière, la plaie était suturée désormais, il ne lui restait qu'à perdre cette vilaine couleur rouge et à désenfler. Question se posait de savoir si elle était capable de chevaucher sans souffrir le martyr. Morphée retourna à sa coucher et découvrit une tenue écarlate, aussi pétillante que son cœur à l'idée de reprendre la route et de revoir les êtres aimés. Qu'était devenu le Languedoc depuis tout ce temps? Elle enfila ses vêtements à la hâte, embrassa tendrement sa guérisseuse tout en lui glissant une petite bourse entre les doigts, puis prit lentement le chemin de la taverne municipale. Alandrisse y serait-elle? Ou bien aurait-elle trouvé refuge dans le domaine d'une de ses noble connaissance? Rien n'était moins sûr.

Une bonne couche de neige l'attendait à sa sortie, ses bottes s'enfoncèrent en un crissement étouffé, son caractéristique du manteau blanc. Tout semblait si calme, si tranquille, du moins jusqu'à son arrivée sur la place principale. Un rouge gorge regardait du haut de la fontaine gelée nombre d'habitants, principalement des enfants, se lancer des boules de neige en hurlant de rire...
Se mêlant à la foule, elle abandonna son paquetage sur un banc déjà délesté de sa neige et se baissa pour concocter une boule au creux de ses mains gantées. A peine le temps de la lancer qu'une cohorte de projectiles l'atteignit de toutes parts! S'en fut une nouvelle attaque, puis deux... avant que la jeune femme ne décide qu'il lui fallait un petit remontant, préférablement liquoreux, afin de se réchauffer.

Paquetage en main, elle poussa la porte de la taverne afin d'y prendre lit et de se faire un bon repas. Avant le départ, qui sonnerait très bientôt. Elle demanda également à ce qu'on lui fournisse un nécessaire à écrire, tous ses biens ayant péri dans la 'bagarre'.

Ses lèvres trempèrent dans un petit je ne sais quoi à la saveur de prune, puis elle s'assit à une des tables auprès de la cheminée afin de se nourrir de la chaleur du feu.


Dernière édition par Morphee le Sam Fév 25, 2012 8:57 pm, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Carnet de Route - Chinon Fin 1459   Carnet de Route - Chinon Fin 1459 I_icon_minitimeSam Fév 25, 2012 8:46 pm

[Halte à Tours]
La capitale n'avait certes pas retrouvé son faste d'avant la guerre, mais on pouvait y retrouver la cohue des habitants causer et s'empoigner au marché, la chaleur des échoppes, l'odeur de cette viande qui avait tant manqué, et la beauté des habits que l'oeil avisé de la tisserande avait tôt fait de remarquer.

Morphée s'immobilisa devant l'étal d'un boucher, et commanda de petits saucissons de gorets, qu'elle avala goulument en se promenant parmi les artisans. La première bouchée fut une explosion de saveurs, après des semaines à boire du bouillon aussi clair que de l'eau et à manger du pain parfois rassis. Comme si on lui donnait Christos en culotte de velours. Souvenir lui revient néanmoins qu'il lui fallait de quoi écrire, et elle troqua l'adresse d'un artisan parcheminier contre une de ses saucisses, qui trouva preneur auprès d'un gamin des rues.

Fort heureusement on ne lui avait pas dérobé les écus qu'elle avait emmené, sinon le réveil aurait été rude. La belle poussa la porte de l'échoppe et ôta ses gants afin de toucher la qualité des vélins. Non sans d’abord avoir réchauffé ses doigts mordus par le froid auprès de l'âtre de l'artisan. De l'encre, bleue si possible... Quelques liens solides, à défaut de cachet... Ou bien utiliserait-elle celui de sa mère pour solidement fermer le message? Manquerait plus qu'on la poursuive pour utilisation illégale de scel. Des liens donc. Son choix se porta sur des parchemins un peu plus épais qu'à l'habitude, mais vu le temps... Ils s'abimeraient sans doute bien moins vite et supporterait le transport pas toujours très aristotélicien des pigeons et colombes.
L'artisan emballa le tout, puis la belle s'en fut à l'auberge dans laquelle ils avaient tous fait halte. Tous.. ces personnes, elle les avait côtoyées sans vraiment prendre le temps de leur adresser la parole, ils n'avaient jamais eu l'opportunité de se croiser en taverne, ni de rire tout simplement... Tant le voyage nécessitait rigueur et discrétion... Et elle le regrettait amèrement. Peut-être que ce voyage serait tout autre; ils n'étaient plus en guerre, ils n'avaient plus à se cacher, et les armées qu'ils croisaient désormais étaient là pour veiller sur les gens et non plus attaquer les vilains d'en face.

Un soupir de contentement pu s'entendre à qui se tenait à côté d'elle lorsqu'elle entra à nouveau dans l'auberge. La languedocienne demanda bien sûr à ce qu'on l'installe à côté du feu... Sans doute pour lui rappeler la chaleur des terres du sud.
Débarrassée de son mantel et de tout l'attirail hivernal, la belle s'attela à rédiger plusieurs missives. La première fut pour Roderick, qu'elle apprenait doucement à connaître, un puits de connaissance auquel elle faisait souvent appel, et dont la conversation n'était pas déplaisante. Bon cela commençait mal, elle ne se souvenait plus de son titre... Seigneur, Baron? Tudieu, elle allait faire simple, y s'en foutrait sans doute de la forme histoire de privilégier le contenu.


Citation :
De nous, Morphée de la Barre,
A vous, Roderick de Vandimion,

Mirabellesques salutations.

J'ai à vous présenter excuses de ne pas vous avoir donné de nouvelles depuis longtemps, ayant fait une rencontre fortuite avec une armée lourdement achalandée.
Je pourrai désormais me targuer d'avoir une blessure de guerre, en omettant le fait que j'ai à peine eu le temps de sortir ma rapière de son fourreau avant de me retrouver à terre.

J'espère que cette colombe vous trouvera également sur vos deux pieds, en Limousin ou bien ailleurs, à veiller sur cette paix naissante.
J'ai cru comprendre que trêve de fin d'année avait été 'signée' entre le Domaine Royal et le Ponant, afin de fêter sereinement la venue du petit Christos. Malheureusement je n'en sais ni les tenants, ni les aboutissants... Peu d'habitants sont enclins à en parler, voulant avant tout profiter de ces moments de calme et de fête, sans penser au lendemain et au risque de reprise des hostilités.

Nous vadrouillons un peu autour de la Touraine, avant que l'on vienne nous chercher et nous ramener en Lengadoc, pour s'y reposer sans doute quelques courtes semaines, car la vie est ainsi faite.
Désirez vous que je vous ramène quelque douceur liquoreuse du coin, ou tout autre plaisir afin que nous puissions fêter dignement notre retour à la Chancellerie avec l'équipe ambassadoriale?
Je prie qu'il reste encore de cette liqueur de mirabelle dont ma fiole est privée depuis des jours...

A bientôt de vous recroiser, soit sur les routes, soit sur nos belles terres du Lengadoc.

Fa en Tours, lo 17 Decembre 1459
D'autres missives avaient suivies, avec l'espoir infime qu'elles arrivent elles aussi à destination... Morphée posa sa plume, rangea son nécessaire à écrire puis décida de se promener le long des berges de la Loire, afin de tuer le temps jusqu'au départ.
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MessageSujet: Re: Carnet de Route - Chinon Fin 1459   Carnet de Route - Chinon Fin 1459 I_icon_minitimeSam Fév 25, 2012 8:48 pm

[Tour, mon amour]
Le retour aux écuries ne fut pas aussi plaisant qu'elle s'y attendait.

- Comment cela on ne peut pas partir?
- Bha Mamzelle, c'est qu'vos charrettes zont souffert, chui même étonné qu'vous aviez pu arriver jusqu'ici sans perdre un'roue.
- Nous sommes censés prendre la route dans une heure.
- Bhé j'crois qu'ça va pas et'possib..
- Et vous vous êtes rendus compte de l'état de la charrette seulement maintenant?
- Bha, c'est c'matin, quand qu'on est venu donner d'la paille aux chevaux.


Si les yeux de la rouquinette avaient pu lancer des éclairs, l'homme aurait été mille fois foudroyé. Les bras croisés, le bout de sa botte tapant sur la terre battue, Morphée tentait de garder son calme, mais c'était peine perdue.


- La Comtessa est bien sûr au courant de ce contretemps?
- Ché po moi
- Vous avez bien averti quelqu'un que le convoi ne suivrait pas cette nuit!


Bon sang! Ils se trouvaient tous dans une belle mouise. Ses pupilles crépitaient de colère, et la réponse laconique du garçon d'écurie ne fit rien pour diminuer son agacement.

- J'crois pas, savez...
- SAVEZ QU'ZET UN SACRE EMPOTE MORDEL DE BERDE!!!


La belle fit demi-tour en un ample mouvement, faisant virevolter son mantel. Elle n'avait foutre dieu aucune idée des intentions d'Alandrisse. Serait-elle à les attendre aux portes de la ville ou bien reviendrait-elle à l'auberge? Poussant vigoureusement la porte de la taverne, Morphée espérait qu'il restait un moyen de la contacter.

- Tavernière? Est-ce que la Comtessa a déjà emmené ses effets?
- Pas encore, les malles sont prêtes mais personne n'est encore venu les chercher.
- Parfait. Gardez donc nos chambres quelques nuits encore, je viens de découvrir que nous avions une avarie...
- C'est que l'autre dame est partie elle...
- Forcément, fallait bien que ça merdouille quelque part. Bha écoutez, elle nous attendra à la prochaine étape du voyage... Donnez ce billet à la Comtessa, elle saura que nous sommes coincés ici quelques journées, le temps que cela soit réparé.


Son passage éclair à Tours prenait l'allure d'un long séjour. Pourquoi ne pas en profiter pour visiter la basse ville; qui avait la réputation d'être un lieu de perdition.
En effet, l'endroit paraissait plus être jonché de bouges que d'échoppes. Morphée releva sa capuche afin de masquer les traits de son visage. Nul doute qu'une Donasellà aurait intéressé plus d'un homme, et elle n'avait nulle envie de faire usage de sa dague pour éloigner les inopportuns. Sa main glissa néanmoins dans sa poche afin d'en serrer le manche.; ce judicieux cadeau du Senhèr Jehan lui serait peut-être utile icelieu. Son coeur se mit à battre plus que de raison, elle n'était certes pas rassurée mais ne pouvait résister à la curiosité de découvrir ce qu'était la vie de saltimbanque.

Ses pas la menèrent là ou il y avait grand bruit, et se faufilant à travers la foule elle découvrit un spectacle de marionnette mettant en scène les événements qui avaient secoué le Royaume de France ces derniers mois. Son rire résonna à l'unisson de ceux des autres spectateurs, cela faisait si longtemps qu'elle n'avait pas eu un moment de bonheur spontané, sans penser au lendemain...
La représentation terminée, elle lança quelques pièces d'or au gamin qui présentait son chapeau, puis reprit sa promenade dans les ruelles du quartier... Un écriteau attira son attention... Une diseuse de bonaventure... Pourquoi pas tenter sa chance? Elle n'avait rien à perdre, et cela ferait un bon divertissement. Sa main repoussa le voile qui servait de porte à la minuscule roulotte de la voyante, et elle s'assit sur les moelleux coussins, attendant que la dicte 'Fallone' lui concède audience.


19 Décembre 1459
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MessageSujet: Re: Carnet de Route - Chinon Fin 1459   Carnet de Route - Chinon Fin 1459 I_icon_minitimeSam Fév 25, 2012 8:51 pm

Une lourde tenture séparait Morphée de la diseuse de bonneaventure, rendant à peine audible les paroles dont elle abreuvait le client qui la précédait. Penchée dangereusement, elle faillit perdre l'équilibre et se retrouver par terre les quatre fers en l'air... Le tabouret vacilla, mais ne se retourna pas. Elle pouffa de rire, tentant d'étouffer le son de sa voix pour ne pas déranger ceux qui se tenaient à quelques mètres d'elle.
Le rideau s'effaça pour laisser partir en hâte une Donà habillée comme les bourgeoises de la haute ville. Sans doute la gitane bénéficiait-elle d'une belle réputation pour que l'on se déplace de si-haut...


- Entrez


Morphée repoussa la tenture pourpre et avança dans la pénombre. Seul un guéridon était illuminé, révélant à la jeune femme le visage de la gitane. Ses cheveux sombre étaient retenus par un foulard carmin, tandis que deux yeux onyx venaient orner un visage ambré; La lueur de la bougie donnait à l'endroit une atmosphère plutôt fantasmagorique; il aurait été facile à la voyante de faire croire qu'un esprit se tapissait dans l'ombre de la pièce pour impressionner sa 'cliente'. Morphée prit place de l'autre côté de la petite table alors qu'un jeu était mélangé devant-elle.

- Bonjorn, je suis...

- Une jeune femme qui n'est pas de ce lieu, jamais je n'ai entendu telles paroles aussi haut dans le Royaume de France. Vous nous amenez la chaleur du sud ma petite... Quel est donc le but de votre visite? Les affaires, la guerre ou bien une sordide affaire de coeur?


Sourcil levé, elle planta ses yeux dans ses saphirs, la déstabilisant quelque peu... Devrait-elle dire qu'elle venait ici afin de se divertir et qu'elle ne croyait pas un seul mot des révélations de la gitane?

- Je.. En fait je viens icelieu parce que je ne sais plus... Se faire guider un peu le long de son chemin de vie ne fait pas de mal hein?

Faites qu'elle y ait cru... En fait, ce qu'elle venait de prononcer n'était aussi pas si loin de la vérité... Se divertir certes, mais après avoir failli perdre la vie, et quitté un endroit ou elle se mourrait d'ennui... Que pouvait bien lui réserver l'avenir?
Fallone lui remit le jeu de carte et lui fit signe de couper, puis retourna les carte de coupe.


- Voyez vous cela, nous avons la carte de la naissance... et la pyramide...

Morphée retint son souffle.. Comment ça un mouflet? Voilà qu'elle allait lui mentir dès la première phrase la gitane.... Tu parles...

- N'ayez donc pas peur ma petite, quoique vous ayiez fait vous n'êtes pas prise. L'association de ces deux cartes vous indiquent seulement que vous allez sans doute changer de voie, exercer une autre activité, et que cela vous apportera réussite et élévation dans la société...


La coupe fut rassemblée, et en un ample mouvement la voyante forma un éventail avec les cartes, lui mandant d'en choisir sept.
Les trois premières furent placées à gauche, une au centre et trois à droite. Fallone tourna les cartes de manière majestueuse, afin de donner un peu de théâtralité à son art... La petite était venue au spectacle, la grande Fallone le lui en donnerait.


- Regardez Damoiselle, ce que nous avons là...

Elle la regarda intensément, puis décrivit l'association des trois cartes. Un balai, une porte qui s'ouvre et la carte des parents... Quel chose saugrenue? C'est qu'elle ficherait ses parents à la porte? C'bien trop tard ça, sont tous morts!


- Nous voilà en présence de votre passé... Vous n'avez pas vécu avec vos parents... Je vois qu'à une période de votre vie vous avez découvert leur identité; et qu'il vous a fallu faire fi du passé afin de devenir la personne que vous êtes aujourd'hui, en composant sans leur présence, mais en apprenant à les connaître avec ce qu'il vous reste d'eux.

Des balivernes? Pas tant que cela! Lorsqu'elle avait enfin appris qui lui avait donné naissance, elle avait tout fait pour tenter de percer leur secrets, de voir ce qu'elle tenait de l'un ou de l'autre... Tant de soirées passées à regarder son visage et le comparer aux gravures de ceux de ses parents... Sa mère n'avait fait qu'un court séjour dans son existence terrestre, et bien qu'elle n'ait pas ce snobisme et cette arrogance, elle lui ressemblait, en beaucoup de points... Son attrait pour la mirabelle était identique à cette liqueur de fraise des bois que sa mère ingurgitait à toute heure de la journée. Elle était une Hildegarde plus sage, plus jeune, plus effacée... De son père, elle avait cet attachement à Gaïa, la terre mère nourricière de toute chose; être adepte d'une telle croyance lui aurait valu bien des soucis, alors elle l’idolâtrait en secret et priait pour qu'elle offre aux hommes le bonheur et l'abondance...

- Touché hein? Fanelle SAIT. Nous allons voir maintenant ce qui rythme votre présent...

La carte centrale fut retournée.... La jeunesse...


- Ma jolie, les astres vous enjoignent de profiter de votre jeunesse et de vivre intensément; l'heure n'est pas à l'enfermement, mais à l'ouverture et à la découverte...

Ça pour découvrir... Elle découvrait... Comment se faire embrocher par une armée, comment bouffer des choses infâmes, comment avoir envie de scalper un garçon d'écurie... Lui enjoignait-elle de batifoler? Oh tudieu on verrait bien ce que lui réservaient les dernières cartes...

- Et la, le futur....


Les cartes étaient moches, hideuses même... Fallone fronça les sourcils, ferma les yeux, posa les paumes de ses mains sur les cartes et prit une lente respiration. Adultère, envoûtement et emprisonnement...

- Mon enfant, la vie semble encore être parsemée d'obstacle à surmonter. Méfiez vous des propositions que l'on va bien pouvoir vous faire, certaines seront parsemées de tromperies, d'autres afin de prendre le contrôle de votre vie et vous vous sentirez prise au piège. Sentez vous libre de refuser damoiselle, et usez en.

Bhé elle était ou l'histoire d'amour? Mordieu voilà qu'elle était en train de lui dire réellement la vérité? Sombres, sombres présages, n'avait-elle pas déjà eu son lot de difficultés, de mensonges, de manipulations? Fallait-il que cela dure encore? Morphée fronça les sourcils, inquiète... Elle était venue icelieu pour se divertir, et voilà qu'on lui annonçait des difficultés à venir... Insensé!

- N'oubliez pas les cartes de coupe jeune fille, créez, innovez, et votre initiative sera couronnée de succès... Avant de nous quitter, je vais vous faire tirer une carte, un message d'amour de nos amies les fées...

Un jeu fut superposé à l'autre... Elle prit une carte... La sirène, une fée d'automne... Surtout une follasse qui avait tenté d'emmener Ulysse à sa perte.. Menfin bon....

- Quel beau message! L'on vous dit que votre appel a été entendu des cieux, et que la réponse à vos interrogations ne tarderait pas à venir... Croyez en vous, en votre énergie créatrice... On vous guidera afin de faire le bon choix....

Dites vous bien que c'est lorsque l'on se croit dépourvu de tout que l'on se rend compte que l'on est sur le point de posséder l'univers!


- Moralité, faut que j'prenne mon temps pour faire l'bon choix, cause que je vais me faire entourlouper et m'enchaîner à quequ'chose que j'aim'rai po

- Prenez votre envol, et vous verrez tout ira bien... Etre accompagné est important, mais dépendant... ne mène qu'au désespoir.. Vous ferez les bons choix, je vous le garantis.


Fallone avait posé sa main sur la sienne, comme pour la réconforter et l'encourager dans sa démarche... Morphée sortit sa bourse et paya largement l'onyx avant de se rhabiller chaudement et de sortir...

- Ce que je veux? Faudrait ptet que je me mette à y penser, et vite fait...

Les paroles de l'honnête bonimenteuse avaient trouvé écho en elle. Un long chemin la séparait du Lengadoc, et elle aurait tout le temps de penser à ce qu'elle désirait faire lorsqu'elle serait de retour dans ce Comté qui lui tenait chaudement à coeur, quoi qu'elle puisse en dire...
Ses pas la menèrent à nouveau vers l'auberge; toute à ses pensées, elle prit machinalement le vélin que la tavernière lui tendait, se fit apporter une collation dans sa chambre et s'y enfermé pour le reste de la soirée. Alanguie sur son lit de fortune, son visage s'illumina lorsqu'elle reconnut l'écriture de qui lui écrivait... Roderick... Lui non plus n'avait pas été à la fête ces derniers mois, ayant avec bravoure repoussé l'ennemi plus d'une fois... Elle se promit de lui répondre dès le lendemain, le temps de digérer la 'consultation' ésotérique et les écrits emprunts de tristesse de l'excellence languedocienne.
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MessageSujet: Re: Carnet de Route - Chinon Fin 1459   Carnet de Route - Chinon Fin 1459 I_icon_minitimeSam Fév 25, 2012 8:53 pm

Quelques journées d'immobilisation forcées à Tours avait été pour la rouqinette source de grande joie. Le temps lui avait certes manqué pour visiter toutes les tavernes, mais voir une capitale animée lui paraissait relever du mimi, du ra-racle, du miracle!
Le suite de leur périple fut plus difficile à supporter. Son arrivée à Vendôme ressembla à une délivrance tant sa cicatrice était douloureuse. Elle resta alitée la soirée, faisant appel à un médicastre qui l'ausculta et la rassura sur son état de santé. Rien ne pourrissait au dedans... La vision de sa mère, morte des conséquences d'une plaie mal soignée était encore bien trop vive. Une infime tristesse s'empara de la jeune femme au souvenir de cette femme si forte sur laquelle elle avait veillé jusqu'à ce qu'elle rende son dernier soupir. La Grande Hildegarde s'en était allée, sourire aux lèvres, heureuse d'avoir connu son enfant et ravie de retrouver son âme soeur au delà du Styx.
On lui avait enjoint de prendre quelques journées de repos mais elle n'en avait eu cure. Elle avait néanmoins pris la potion qu'il lui avait préparé, et avait sombré lentement dans le sommeil, le vélin de Roderick à la main... Réponse serait faite une autre journée...
Une missive fut glissée sous sa porte pendant la nuit, alors qu'en songe elle virevoltait dans les jardins luxuriants du Paradis Solaire.

Revigorée, sa plume glissa sur le vélin afin de répondre à celui qui pour elle était devenu un proche, sans que jamais ils n'eurent parlé de leur amitié naissante.


Citation :
Cher Roderick,

Bonheur est mien de vous savoir toujours ancré à notre chère Gaia. J'ai eu peur à un instant de recevoir missive d'un de vos gens m'annonçant une funeste nouvelle; et je remercie le Très-Haut de vous avoir donné la chance d'arpenter les routes des Royaumes pendant encore de nombreuses années.

Cette trève, même arrivant à un moment fortuit, est une bénédiction, car il fallait à tout prix que la vie reprenne au sein des provinces blessées par des semaines d'intenses combats. beaucoup de plaies, autant physiques de morales, sont à panser, et nous savons tous comme la famine qui s'installait peu à peu aurait pu être aussi dévastatrice qu'une épidémie de peste noire.
Nous avons tous envie de rentrer au bercail, de retrouver notre famille, nos amis et nos terres.

Certes il y a ceux que la mort a embrassé, ils auront une place de choix dans votre coeur. Et ils y a ceux que vous avez rencontrés, et ceux dont vous ferez bientôt la connaissance, et qui parcourront un bout de chemin en votre compagnie. Mon discours est sans doute emprunt de cette naïveté dont vous me savez coutumière, mais je me dis souvent que les lendemains ne pourront être que meilleurs.

Nous serons bientôt en Alençon, but ultime de notre épopée, puis reviendrons à des occupations plus coutumière en Lengadoc. Peut-être aurai-je le plaisir de vous croiser sur le chemin du retour.

A bientôt de vous revoir

Morphée,

L'heure tournait et il fallait se préparer au départ. Morphée rangea à la hâte ses effets dans sa petite malle, se couvrit le plus chaudement qu'il était possible et rejoint la cohorte des charrettes aux écuries... La route vers Montmirail s'ouvrait devant eux... Une autre étape de leur pérégrination dans les provinces du Nord.

23 Décembre
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MessageSujet: Re: Carnet de Route - Chinon Fin 1459   Carnet de Route - Chinon Fin 1459 I_icon_minitimeSam Fév 25, 2012 8:53 pm

Monmirail... La ville était belle, mais les tavernes vides lorsqu'elle bravait la neige pour aller s'y promener. Sans doute n'était-elle pas en phase avec la routine de vie des habitants, voyageant souvent la nuit, elle dormait un peu trop le jour... Séléné était devenue sa compagne de voyage; bientôt reviendrait le temps d'une vie plus quotidienne... A moins que!

Sa cicatrice était encore un peu douloureuse, mais pas assez pour l'empêcher de se mouvoir. Ce qui la rassurait quant aux années qui lui restaient à vivre. Ses "journées" se composaient de longues promenades le long de la rivière, qui serait bientôt largement gonflée lorsque la neige fondue viendrait inexorablement se lover dans son lit. La rouquinette se baissa pour attraper une pierre et fit quelques ricochets; ses pensées allèrent vers Pierrick, qui était resté à Carcassonne. Le gamin aurait changé à son retour. Trois mois n'étaient rien dans une vie, mais faisaient beaucoup lorsqu'on ne voyait plus au quotidien les personnes qui partageaient votre existence.

Elle avait fêté son anniversaire seule, dans un bain brûlant, à se faire dorloter par une servante, tout en goûtant quelques délicieux mets préparés par la cuisinière... De la volaille, qu'elle avait apprécié à sa juste valeur, avec fruits secs et céréales... Sans oublier ce pain d'épice, spécialité de la ville.
Sentant bon ce parfum de muguet pour lequel elle avait grand affection, elle s'était ensuite lovée sous les couvertures, à écrire missive et à envisager l'avenir. Les vélins envoyés à Cath et Richart étaient restés sans réponse. Zirg pourrait sans doute lui donner explication; leur probable disparition la chagrinait énormément, car bien que leurs passages ne furent que très courts ces derniers temps elle les adorait. Et envisager la vie sans eux l'attristerait pendant longtemps.
L'épicurienne se fit apporter de la liqueur, qu'elle dégusta du bout des lèvres, laissant la chaleur lui monter aux joues, présage d'un début d’enivrement qui lui ferait pendant quelques heures oublier ses mornes pensées.

D'ailleurs, elle avait trouvé une belle médaille aristotélicienne sur le marché, et en avait fait l'acquisition. Le tout étant qu'elle ne pouvait la porter, n'étant pas officiellement baptisée. Un manque qu'elle aurait à combler dès son retour... Il lui faudrait demander à Alandrisse de bien vouloir être sa marraine...
Et puis déménager également, du moins tenter... Dire que l'on désire est une chose, y parvenir en est une autre. Maintes fois elle a voulu quitter la cité aux deux remparts, mais elle finissait par toujours y remettre les poulaines. Tout dépendrait de ce qui sortirait du présage de cette bohémienne...


Méfiez vous des propositions que l'on va bien pouvoir vous faire, certaines seront parsemées de tromperies, d'autres afin de prendre le contrôle de votre vie...

A-t-on le pouvoir de dire non lorsque l'on est petite gens? Sans doute faudrait-elle qu'elle innove, et apprenne à s'affirmer... Morphée et sa grande naïveté, qui lui a valu d'être couillonnée plus d'une fois... Et cela arriverait sans doute encore...
La mirabelle porta une dernière fois le gobelet de liqueur à ses lèvres, puis s'endormit dans un sommeil qui s'apaisait à mesure que le temps passait. C'est qu'une rencontre impromptue avec une armée, ça laisse quelques traces, donc certaines indélébiles...


25 Décembre
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MessageSujet: Re: Carnet de Route - Chinon Fin 1459   Carnet de Route - Chinon Fin 1459 I_icon_minitimeSam Fév 25, 2012 8:54 pm

[Quelques Lunes plus tard - Retour à Montmirail]

Leur périple Alençonnais avait été de courte durée; les charrettes étaient enfin délestée de leur chargement, et seuls leurs effets personnels les avaient accompagnés sur le chemin du retour. Ils arrivèrent à Montmirail sous un brouillard à couper à la serpe, s'imaginant que personne n'aurait osé pointer le nez dehors. C'était sans compter l'audace de quelques mioches qui s'employèrent à leur lancer quelques boules de neige avec une adresse étonnante. Morphée réussit à éviter la première de justesse en se penchant vers la droite, mais le petit diable avait anticipé son geste et une deuxième vint s'écraser sur son visage transi par le froid. La rouquinette se mit à bouillir intérieurement, puis laissa sa surprise tout autant que sa colère s'exprimer en un langage aussi fleuri que les jardins du Louvre - du moins se l'imaginait-elle, n'ayant jamais mis les pieds dans un tel endroit - sans oublier l'essentiel : maudire la famille du gamin sur trois générations, tout en leur promettant que le Père Fouettard viendrait récupérer les cadeaux que Christos avait bien voulu leur apporter!

"M'en fout, j'ai eu que quelques fruits confits, et j'les ai d'ja bouffés!"


Menfin c'est que ça avait de la répartie en plus!

" Ah tu les as bouffé, bha tu vas voir, tes entrailles vont pourrir cause du mal que t'as causé"

"Bha comme ça j'pèt'rai plus fort!"


Et aux silhouettes de disparaître en quelques éclats de rire, sans que la de la Barre ne puisse distinguer leur visage... La rouquinette se mit à glousser; satanés gamins! Morphée fit halte au pigeonnier afin de récupérer les missives qui lui avaient été envoyées.

La belle prit chambrée à l'auberge des Anges Protecteurs, qui proposait escorte aux voyageurs. Heureuse initiative qui éviterait aux baroudeurs de se faire rosser sur les chemins... D'ailleurs que faisait son escorte, enfin celle d'Alandrisse, mais bon c'était du pareil aux même, sauf qu'elle était gueuse et Alandrisse Comtesse. Peut-être la réponse était-elle dans ces missives qu'elle n'aurait pas la force d'ouvrir, tant le sommeil l'appelait de sa voix douce et enjôleuse. A demi-mots elle avait commandé pour le lendemain un bain bien chaud, afin d'effacer les traces de leur voyage. Devant un bon feu bien sûr, manquerait plus qu'elle attrape la mort avec ses lubies de propreté. Se pavaner dans le Grand Nord, en plein hiver... Quelle folie! Certes il faisait froid parfois en Lengadoc, mais c'était le froid du Sud, donc pas pareil, picétout!.

Le lendemain, elle décacheta une à une ses missives, espérant un velin... qui ne s'y trouvait pas... Les préparatifs d'un voyage prenaient du temps, et les nouvelles du Lengadoc n'étaient malheureusement pas bonnes. Ce qui expliquait sans aucun doute ce silence. La belle était patiente, et l'attente n'en était que meilleure, car moins cela arrive, plus cela risque d'arriver.
Mende était aux mains du Lion, et l'on avait retiré les clefs du conseil municipal des mains de Pierrick. Une affaire qu'elle règlerait sitôt son retour à Carcassonne. Elle comprenait fort bien la démarche, mais une petite missive n'aurait pas fait de mal. Pour la forme...
Les journées s'étiolèrent lentement, au rythme des coups de pioches dans la mine de la ville; cela forgeait les muscles et rendait service au Comtat. Ses promenades au bord de l'eau devenaient quotidiennes... Les rivages de Melgueil lui manquaient... les taureaux, les flamants roses... Que de petites choses que l'on remarque à peine mais qui prennent leur importance lorsqu'elles sont loin de nous.

Une nouvelle année se profilait, des projets prenaient doucement forme, des liens se tissaient, et elle se demandait si comme Pénélope elle n'allait pas commencer un interminable ouvrage en attendant de retrouver Ulysse.


1 Janvier 1460
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MessageSujet: Re: Carnet de Route - Chinon Fin 1459   Carnet de Route - Chinon Fin 1459 I_icon_minitimeSam Fév 25, 2012 8:55 pm

[Un bonheur n'arrive jamais seul]

Patience est mère de vertu... Au retour de la mine la belle avait fait un crochet vers le pigeonnier... C'est qu'à force d'être dans la même ville ils arrivaient bien plus vite les bougres!
La première missive lui indiquait qu'il lui faudrait encore rester, bien sur à cause d'une retraite parfois indispensable lors de ces festoiements. Quelques journées de plus à la mine donc... à casser du cailloux afin de suivre le filon d'or qui semblait intarissable. L'idée lui vint d'en 'emprunter' une paillette ou deux, en souvenir de leur séjour touristique; et puis qui s'en soucierait, il y en avait tellement...
Tandis que la seconde la fit sourire plus que de raison... Le mioche lui avait conté l'arrivée du vélin, à la patte d'un faucon qui était arrivé telle une harpie dans le pigeonnier... Au grand dam du pauvre mulot qui s'était aventuré un peu trop à découvert; les pigeons effarés s'étaient envolés ensemble, créant un foutoir pas possible. Une pièce d'or fut glissée dans la main du gamin afin qu'il prenne grand soin du faucon le temps qu'elle puisse écrire sa réponse. Le parchemin semblait avoir voyagé sous le mauvais temps, mais il était presque intact... Seule l'encre qui mentionnait son nom avait un peu perdu de sa superbe. Nul doute que son contenu aurait été préservé des outrages du temps.

Bien que patiente quant à la réception de la lettre, elle ne le fut plus dès la sortie du pigeonnier; elle se hâta vers l'auberge et s'installa dans la pièce principale, près de l'âtre - mais cela je pense que vous vous en doutez à force - et se fit servir une tisane avec une bonne cuillerée de miel. A peine le temps de saluer les habitués qu'elle décachetait de ses doigts transis par le froid le vélin afin que les mots ne se dévoilent à ses yeux inquisiteurs.

L'écrit était emprunt de ces pensées que l'on ne dévoile qu'à demi-mots, et elle en fut touchée. Néanmoins, elle se sentait bien peu expérimentée des choses de la vie... Qui ne tournaient qu'autour de l'art du fil. Sa connaissance des instances royales, et de l'histoire du Lengadoc lui permettait de tenir une certaine conversation, mais elle se sentait tout de même ignorante; ce qu'elle cachait souvent derrière une note d'humour et un peu de désinvolture. Son expérience à la Chancellerie lui avait donné un prémisse d' assurance, que l'on pouvait parfois voir comme froideur et distance; à chacun de se protéger des coups du sorts... Tout comme cette demande quotidienne de bains pouvait paraître gaspillage aux yeux de certaines servantes... Elle effaça d'un revers de la main ces pensées bien mornes... L'était c'quelle est, et c'était déjà beaucoup!

Comment envisager réponse? Pas aussi difficile que cela en avait l'air... Car elle était tout comme lui inquiète de son sort, et des mauvaises rencontres qui joncheraient son chemin. L'envie bien sur de le revoir, sur ses deux pieds accessoirement, et de deviser avec lui autour d'une liqueur. De le laisser libre de toute contrainte ou engagement, car il était homme fort occupé. Et puis adviendrait ce qu'il adviendrait.

La belle ramena son godet puis monta dans sa chambre afin de donner réponse. Et passer commande auprès d'un charpentier de besogneuses installations, sans oublier de mander à ce que l'on trouve des terres remplies de murier.

3 Janvier 1460
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MessageSujet: Re: Carnet de Route - Chinon Fin 1459   Carnet de Route - Chinon Fin 1459 I_icon_minitimeSam Fév 25, 2012 8:56 pm

[Et revoilà la rouquinette]

Le séjour mainois de la rouquinette avait enfin touché à sa fin. Les malles étaient bouclées, les charrettes chargées. Direction, l'infini et l'au delà... Fin Tours quoi..
Les nouvelles languedociennes étaient de bon augure. Le lion avait pris congé de Mende et la vie pouvait reprendre son cours. Elle n'avait pas la moindre idée de l'étendue du pillage, ni même s'il y en avait eu un! Des renseignements lui parviendraient sans aucun doute sur le chemin du retour... Oui mais.. ou retourner?
Plusieurs choix s'offraient à la jeune femme. Carcassonne la belle l'attendait, mais qu'en étaient-ils des habitants? Se souviendraient-ils de celle qui passa dans leur vie quelques mois auparavant... On lui avait indiqué qu'un vent de renouveau soufflait sur la ville, insufflé par Marilou... Elle ne pouvait que s'en réjouir; mais y avait-elle encore sa place? Surtout qu'on avait enlevé les clefs du conseil municipal à son petit page...
Venait Ensuite Béziers, tout à côté du Comtat de Pézénas; Ceux qu'elle avait décidé de servir, du moins d'accompagner. Ils devraient accepter ce vent de liberté qui parfois soulevait sa chevelure auburn, car se faire donner des ordres n'était pas vraiment à son goût.
La troisième ville était Narbonne, son coup de cœur... L'accueil y avait toujours été cordial, et les soirées chaleureuses et animées. Sans oublier les têtes connues, les taquins, les tendre et les soulards? Il lui faudrait sans nul doute arpenter la côte sud du Lengadoc en charmante compagnie s'il en est!

Cette dernière pensée vint lui arracher un sourire. Son faucon était reparti, rassasié de mulots et diverses gâteries dispensées par le minot du pigeonnier et bien sûr avec message à la patte... Son premier réflexe avait été d'aller vérifier que des missives soient arrivées...Une, celle de son charpentier, qui avait terminé les planches qu'elle avait commandé. Parfait pour embarquer le tout sur le foncet. Enfin s'il restait un peu de place...

L'arrivée dans la capitale se fit dans une ambiance folle... Et oui, il faisait encore et toujours froid. Transie, Morphée trouva auberge ou se loger et plongea dans un baquet fumant... Il avait suffit d'une journée à camper sur un noeud pour éveiller ce besoin naturel de se décrasser des pieds à la tête. L'endroit était souvent propices aux divagations, entre deux clapotis... Nombre de projets étaient en cours, certains si secrets qu'elle devrait abattre son interlocuteur si un jour elle les dévoilait. Enfin rien de bien transcendant non plus, mais si l'on arrivait à trouver l'utilité des planches qu'elle avait fait entreposer dans la charrette elle aurait promis breuvage et pitance jusqu'à la prochaine année.
L'idée de leur prochain voyage lui donna envie de laisser là son habituel rouge afin de se parer de pastel, et puis cela ferait joli de se noyer vêtue de bleu. La rumeur disait que le capitaine avait l'habitude de s'échouer, elle avait vérifier cela de ses propres yeux. Assise devant le miroir de la coiffeuse, Morphée travailla ses cheveux en une natte; la couleur ambrée de ses mèches semblait se prononcer graduellement, bien que l'hiver ne rende souvent les chevelures tristes et mornes. Sans doute un héritage Hildegardien qui se développait à mesure du temps. Quelques pinces pour les mèches rebelles qui finiraient par reprendre leurs courbes naturelles; un soupçon de fragrance mugueiesque; elle pouvait sortir, se restaurer et aller visiter ce qui serait leur habitation pendant quelques lunes.

Un garçon d'écurie mena la charrette à l'embarcation afin qu'on puisse y entreposer les solides planches, sous l'oeil vigilent et averti de la dentellière. Néanmoins quelle ne fut pas sa surprise d'entendre l'huit d'un faucon... Qui vint se poser sur la rambarde du foncet de manière fort élégante... Pas de mulot en vue pour le distraire. L'oiseau lissa ses plumes, et poussa un cri aigu et perçant.


Regardez moi ce petit malin... Tu sais ou me retrouver maintenant?

Morphée s'approcha lentement du volatile afin de ne pas l'effrayer, puis tout en le flattant - sans doute comprendrait-il la moitié de ce qu'elle dirait, mais qu'importe - décrocha le billet et s'assit ensuite sur un chargement caché sous des bâches afin de le protéger... Le contact fut rude pour le fessier morphéesque mais peu lui importait. Missive fut décachetée en un rien de temps, un écu jeté au garçon afin qu'il ramène l'équipage à l'auberge, et la rouquinette commença sa lecture. Les mots étaient choisis avec soin, touchants et attendrissants; elle prendrait le temps qu'il faudrait pour la réponse. Le faucon serait nourri comme il se doit, car elle devait apprendre à coucher sur vélin une mélodie qu'elle n'avait jamais encore chantée.

9 Janvier 1460
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